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ChangeNow, pourquoi y aller ?

Le ChangeNOW Summit s’est déroulé à Paris les jeudi 19, vendredi 20 et samedi 21 mai 2022. L’événement mondial des solutions pour la planète accueillait cette année plus de 400 intervenants, 800 investisseurs et 1000 entreprises proposant des solutions venues de 120 pays.

Personnalités, dirigeants d’entreprises, innovateurs, experts, jeunes engagés ou leaders du changement ; tous présents pour inciter à la réflexion mais aussi à l’action au sein des entreprises et dans le quotidien de chacun.

Né du constat par Santiago Lefebvre [qu’]”il n’existait pas d’endroit où les porteurs de projets à impact pouvaient raconter leur histoire” (interview avec CareNews du 12 mai 2022) le rassemblement et salon ChangeNow a d’abord rassemblé ceux qui voulaient agir rapidement pour réparer le climat et faire avancer l’économie durable.

A ce titre, il était naturel pour Trees Everywhere de s’y déplacer. Pas encore exposant cette année, nous avons eu un regard à la fois critique et bienveillant envers cette manifestation unique en son genre.

 

Changenow, un salon qui stagne ?

Il faut dire que ce salon s’adresse d’abord aux professionnels du secteur, pour la mise en relation et l’exposition de leur savoir-faire. Une seule journée est finalement dédiée au grand public. Cette première destination BtoB donne une certaine légitimité aux acteurs qui au lieu de se retrouver pour “un grand show” d’entreprises plus ou moins adeptes du “verdissement” de leur marque, étaient tous rangés dans des petits stands en bois (de récup) de taille similaire dans des zones thématiques.

Il semble loin le temps où ChangeNow ne voyait flâner dans ses allées que 2 000 visiteurs. Plus de 30 000 visiteurs sont venus cette année, de 187 pays pour découvrir toutes les nouvelles solutions afin de verdir l’économie. Il est évident que la volonté d’agir est là dans tous les secteurs : acteurs de l’énergie, du transport, de la tech, de la mode, du sport et de l’éducation, tous étaient présents pour proposer des voies vers la transition voire la sobriété écologique.

Donc la réponse est non, ce salon à le vent dans ses voiles, il est en plein dans le durable et nous allons voir pourquoi.

 

A qui s’adresse le salon ChangeNow ?

On pourrait se demander, devant cet élan apparemment global, si un tel événement n’est pas le reflet d’un buzz folklorique, chambre d’écho des réseaux sociaux ?

Peut-être un peu, mais après ces années de pandémie, force est de retrouver les bonnes bases de la rencontre, de la démonstration et de la sensibilisationChangeNow veut être un vecteur du changement, il aborde la question de la réparation du climat de façon pragmatique en offrant une visibilité toujours plus forte aux solutions déjà en place. Mais aussi autour de ses nombreuses conférences articulées autour de plusieurs salles à l’intérieur comme dans les jardins du Champ de Mars sur lesquels il débordait cette année.

Et c’est bien là son intérêt : rencontrer vraiment les auteurs, les entreprises, les ingénieurs, les techniciens, les aventuriers de ce nouveau monde. On se croirait revenu aux débuts des bio-tech, fin-tech, même avant à ceux du web en 1996 … les mêmes étoiles dans les yeux, les mêmes projets pas si fous que cela :  le premier paquebot à voile par exemple va sortir d’ici quelques semaines pour transporter la fusée ariane, les steaks et nuggets de poissons à base de matières végétales sont déjà au menu de restaurants connus et  l’électrique va bientôt remplacer nos vieux moteurs polluants derrière les bateaux de plaisance, sans parler des propulsions sans hélices etc  ….

 

Un “think tank” sur les enjeux climatiques 

L’enjeu climatique a de multiples facettes : celle des émissions de GES et de décarbonation, mais aussi celle de la justice climatique, du sport de haut niveau ou bien de l’éducation. Le salon développait de nombreuses conférences avec des intervenants de créateurs mais aussi de diplomates et juristes concernés par les enjeux climatiques.

Une Justice climatique pour tous ?

Il est injuste par exemple que certains pays émettant peu de GES soient les premières victimes de leurs effets.

Simon Kofe, ministre de la Justice, de la communication et des Affaires étrangères de Tuvalu expliquait que la situation actuelle demande la remise en cause de la définition juridique d’un État souverain. En effet, en droit international, un État souverain doit avoir un territoire, une population et une puissance publique.

Or le Tuvalu est un archipel polynésien sans doute voué à disparaître avec la fonte glaciaire et la montée des eaux. Il a donc choisi de construire sa diplomatie différemment ; pour avoir des relations avec le petit Etat du pacifique, les pays doivent reconnaître son existence et sa souveraineté malgré l’absence de territoire et doivent aussi accepter que sa disparition n’entraînera pas celle de ses eaux territoriales.

Une conversation fascinante pour nous européens mais aussi pour son caractère juridique qui veut faire adapter le droit international à la situation d’urgence climatique.

 

L’Éducation : un instrument d’action ?

Un autre exemple de l’originalité des débats : Mettre la question de l’éducation au cœur des enjeux économiques : Comment rendre l’éducation supérieure pertinente face aux enjeux climatiques ? Comment créer les ingénieurs et champions de la sobriété économique de demain ?

Vu l’âge moyen des visiteurs, cette réponse doit être faite aux jeunes qui ont prouvé à plusieurs reprises que leur métier devait avoir du sens bien au-delà de celui de la fiche de paye. L’économie traditionnelle risque de ne plus correspondre à leurs aspirations: le manifeste pour un réveil écologique date de 2018 et les étudiants de Normale Sup nous avaient interpellés dans les colonnes du Monde début mai. Qui n’a pas entendu les diplômés d’Agro Tech adjurant leurs pairs de “déserter” les métiers auxquels leurs études les destinent.

Des écoles comme l’ESCP Business School incluent désormais dans leur tronc commun des cours obligatoires sur les enjeux environnementaux dès la licence, afin de sensibiliser les étudiants et développer de nouvelles compétences.

 

Et les SFN dans tout ça ? 

Ce sera notre seule critique, beaucoup d’entreprises tech étaient présentes à ChangeNow, et pour cause, la French Tech était partenaire de l’événement ; elle offrait des opportunités de pitcher devant des investisseurs internationaux.

Le dernier rapport du GIEC démontre que les solutions fondées sur la nature (restauration des écosystèmes, reforestation et afforestation) et la réduction de l’artificialisation ont un impact potentiel sur les réductions nettes d’émission de CO2 aussi important que celui des énergies solaire ou éolienne sur le temps 2022 – 2030.

Sur les grandes conférences, seuls trois intervenants venaient effectivement du monde des solutions fondées sur la nature (SFN) – aucune française – dont Beeodiversity qui utilise les abeilles comme des drones naturels, et qui fonctionne en réalité comme un pont entre les SFN et les solutions tech.

Les acteurs des SFN étaient par ailleurs trop peu nombreux et surtout comme exposants, ou à la rigueur pitcheurs, comme TreeDom ou EcoTree. Aléa d’un agenda trop occupé ou délai d’application manqué auprès de ChangeNow ?

Ce serait très intéressant que les SFN aient plus de visibilité sur la plate-forme de conférences particulièrement sur un événement aussi important que ChangeNow car elles sont déjà dans le déploiement de solutions et impactent l’économie durable.

Alors ChangeNow, vous invitez plus d’acteurs des SFN à participer en tant que Speakers sur plus de conférences l’an prochain ? Nous sommes nombreux, jeunes organisations ou plus établies, innovantes souvent et volontaires, toujours. On en parle ?

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