Comment repenser la forêt en France face aux risques incendies ?
Avec 16,9 millions d’hectares de forêts, la France est le quatrième pays le plus boisé d’Europe. Incendies et feux de forêt font pourtant planer une menace constante sur ce patrimoine naturel. Même si cela peut sembler un pourcentage encore faible, ce sont ainsi près de 20 000 hectares,qui disparaissent dans les flammes chaque année, un chiffre en constante augmentation
L’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique estime que les étés caniculaires pourraient devenir la norme à l’horizon 2040. Les feux de forêt devraient eux s’intensifier. En effet, la baisse des précipitations et l’augmentation des températures assèchent la végétation, ce qui augmente le risque d’incendies.
Si aujourd’hui les régions françaises les plus touchées par les feux de forêt sont le pourtour de la Méditerranée, les Landes et la Gironde, les zones à risques pourraient prochainement remonter vers le nord de la France : dans les régions Pays de la Loire, Centre-Val-de-Loire ou en Bretagne. La saison des incendies devrait, quant à elle, s’allonger. Les forêts sont notre poumon; face à ce changement climatique, quelques pistes de réflexion.
Invité au micro de France Culture Renaud Barbero, chercheur à l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture, craint que d’ici quelques années, « les incendies ne se limitent plus à juillet et août, mais commencent dès mai,juin et persistent jusqu’en septembre, octobre, voire plus tard. »
Face au risque d’incendie, toutes les forêts ne se comportent pas de la même manière. Francis Hallé croit devoir nous faire seulement distinguer la forêt naturelle de celle plantée par l’homme. Il faudrait surtout séparer la notion de forêt diversifiée en espèces multiples à croissances variées dans le temps, des plantations mono espèces qui auront le même âge.
Prisées par l’industrie du bois, ces monocultures, constituées d’une seule et unique essence d’arbre, ont montré leur vulnérabilité face aux maladies ou aux incendies. C’est le cas dans les Landes où la plus grande forêt artificielle d’Europe, composée majoritairement de pins maritimes, est régulièrement victime des flammes. Ces résineux plantés sont en effet de véritables puits potentiels de départs de feux. Dans les plantations traditionnelles, les arbres sont par ailleurs davantage espacés, permettant d’une part le développement de broussailles, qui en séchant constituent un carburant et facilitant d’autre part la prise de vent qui apporte de l’oxygène et stimule l’embrasement de ces forêts.
Dans le pourtour méditerranéen, on voit des forêts brûler chaque année. Les alentours de Marseille par exemple comptent beaucoup de terres inutilisées incendiées, non reforestées et dont les broussailles se transforment ensuite en sources potentielles de feux. Bien adapté aux sols calcaires et à la sécheresse, le Pin d’Alep est une espèce dominante dans le Sud, emblématique de la Cote d’azur. C’est en revanche une essence forestière dite « pyrophyte » dont la reproduction est stimulée par le feu, ce qui favorise la propagation des incendies, d’autant que ses aiguilles deviennent, d’une année sur l’autre, de plus en plus inflammables.
Pour lutter efficacement contre les feux de forêt, des solutions naturelles peuvent émerger. Si l’on préfère prévenir que guérir, préserver la biodiversité naturelle des forêts demeure l’un des meilleurs moyens pour renforcer leur résistance au feu. Moins fragmentées, moins exploitées, celles-ci auront un humus plus riche, apprécié des champignons qui stockeront l’eau dans le sol. Les insectes, plus diversifiés, pourront quant à eux repérer les arbres affaiblis en situation de stress hydrique et finiront par les abattre avant que ceux-ci ne deviennent de super combustibles. En outre, une forêt qui ne serait ni exploitée ni influencée par l’homme possède souvent des arbres plus hauts, ce qui favorise les zones d’ombre, la formation de rosée ou de brume, augmentant ainsi le taux d’humidité de l’air et son rôle protecteur.
Même si certaines espèces ont la réputation d’être moins résistantes aux incendies, plus que la nature de l’arbre, c’est la structure de la forêt elle-même qui atténue le risque de départs de feux. Une forêt bien entretenue où le débroussaillement est effectué de manière régulière, avec des chèvres par exemple, possèdera moins de sous-végétation combustible.
Autre élément à considérer, dans une forêt où se côtoient plusieurs espèces, la ramure des arbres est plus dense, et l’ombrage ainsi obtenu empêche la pousse de l’herbe et des broussailles. Cette densité forestière possède un autre atout : elle fait barrage au vent ce qui empêche les départs de feux ou interrompt la course des flammes.
Une forêt plus dense est ainsi protégée de la fragmentation causée par l’étalement urbain ou la construction d’infrastructures routières qui facilitent la propagation des incendies. Moins accessible, moins facilement arpentée, la forêt devient alors un refuge de biodiversité. Enfin, la variété des espèces est un élément déterminant.
Des axes à reprendre dans des efforts de reforestation des collines de Marseille ?
Adrienne Rey
Crédit photos : Petit Claude et Joel Behr
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