Lutte contre l’érosion : l’inspirante histoire du Mont Aigoual
Ainsi, contre l’érosion des terrains, la végétation et notamment les racines des arbres stabilisent les pentes, empêchant le glissement des terres et autres altérations.
Les systèmes racinaires agissent en effet comme des armatures en s’ancrant dans le sol et empêchent celui-ci de se déplacer. C’est finalement un phénomène physique assez simple, permettant un effet fixateur sur la terre, le sable et la roche.
Et pourtant, on constate que ce rôle protecteur des arbres sur les sols est une compréhension relativement récente. Replongeons nous au XIXème siècle.
Un constat : la navigation du port de Bordeaux était gênée par l’ensablement progressif du à des alluvions charriées par la Garonne et cela nécessitait des interventions de drainages lourdes et coûteuses.
Face aux conséquences économiques impactant le port, un ingénieur forestier, directeur au reboisement du Gard, – George Fabre – démontre qu’une grande partie de l’ensablement du port de Bordeaux résulte de la terre arrachée des pentes du Mont Aigoual, pourtant situé à des centaines de kilomètres de là dans les Cévennes.
Cette montagne qui culmine à 1570m et point de partage des eaux entre Méditerranée et Atlantique, avait été déboisée progressivement depuis le Moyen-Age, puis de manière accélérée après la Révolution Française pour la vente de son bois et l’élevage des moutons. Les orages cévenols entrainaient une érosion et des glissements de terrains qui provoquaient des crues en aval. Le transport de sables arrachés au Mont finissaient leur course dans le port de Bordeaux, bloquant ainsi l’accès à la navigation.
Face à cette situation, George Fabre imagine un vaste projet : celui de reforester le Mont Aigoual, pour lutter naturellement contre l’érosion de ses pentes. Critiqué pour ce projet d’envergure, George Fabre fait face à maintes réticences bureaucratiques. En réussissant à prouver la corrélation entre l’ensablement du port et le déboisement de l’Aigoual, il réussit à obtenir les financements et les soutiens nécessaires au reboisement du Mont, projet qui démarre en 1875.
Épaulé par une équipe de scientifiques et notamment le botaniste Charles Flahaut, George Fabre crée l’Observatoire du Mont Aigoual (photo ci-dessus) qui fait aujourd’hui office de station d’observation météorologique et bientôt centre d’interprétation des changements climatiques . La ténacité de cet homme a été payante et ce sont près de 68 millions d’arbres qui ont ainsi été plantés sur les pentes du Mont à partir de 1875. Le port de Bordeaux n’a quant à lui, plus jamais été ensablé, et a retrouvé l’aisance de navigation nécessaire à son expansion.
La lutte contre l’érosion étant la priorité des équipes de reboiseurs, le respect de la biodiversité originelle n’a pas constitué un critère dans la sélection des plants. Ainsi, le couvert forestier planté à partir de 1875 sous la direction de George Fabre ne ressemble en aucune manière à ce qui existait avant le déboisement du massif. On retrouve ainsi aujourd’hui sur les pentes du Mont une grande quantité d’essences exotiques alors fort en vogue, comme le cèdre de l’Atlas que l’on trouve naturellement au Maroc et en Algérie.
A la problématique économique de l’ensablement du port de Bordeaux, la solution environnementale naturelle de reboisement mise en œuvre par George Fabre est très inspirante. En plantant massivement sur le massif de l’Aigoual, il a non seulement créée une barrière naturelle contre l’érosion, mais a également permis une régénération de la biodiversité animale et végétale !
Ce domaine forestier est aujourd’hui la quatrième plus grande forêt domaniale par sa superficie, laquelle avoisine les 16 000 hectares !
Pour un récit un peu plus romancé de l’Histoire du reboisement de l’Aigoual, nous vous conseillons le roman de Roger Borderie : Mont Aigoual.
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