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Notre projet de plantation à Metz : Hommage à Jean-Marie Pelt, grand défenseur du vivant

Jean-Marie Pelt n’a que quatre ans lorsque germe en lui l’amour des plantes et de la nature. Une passion semée par son grand-père qui fut horticulteur dans l’un des châteaux de la famille de Wendel, célèbre dynastie de maîtres de forges lorrains. Tous les jours après l’école, le jeune Jean-Marie retrouve son grand-père au jardin de Rodemack. 79 ans plus tard, au micro de France Inter, le botaniste se remémore le verger, la tonnelle, les magnifiques pivoines rouges, les mirabelles et les quetsches : « Près du rucher, il y avait des fleurs mellifères, de la mélisse, ça sentait bon, c’était merveilleux. » Assis sur les genoux de son aïeul, il écoute religieusement les histoires de fleurs et d’abeilles, de nature et du bon dieu, murmurées à ses oreilles. « J’ai appris la nature et la spiritualité en même temps » dira-t-il, lui qui est habité par la foi chrétienne.

 

 

Ces histoires magiques et panthéistes où se côtoient « des abeilles amoureuses des fleurs, des graines qui germes et les histoires de plantes qui respirent et transpirent » influenceront Jean-Marie Pelt tout au long de sa vie. Il y puise une faculté inépuisable d’émerveillement pour les trésors de la nature qui deviendra en quelque sorte sa marque de fabrique. Devenu professeur de botanique à la Faculté de Pharmacie de Nancy puis la Faculté des Sciences de l’Université de Metz, il n’aura ainsi de cesse d’enseigner à ses étudiants, plus encore qu’un savoir, une vision du monde empreinte d’un profond respect pour le règne végétal.

 

 

Un formidable raconteur du vivant.

Sa vocation de pédagogue, Jean-Marie Pelt l’exerça également dans les média. A la télévision, tout d’abord, dans l’émission « L’Aventure des plantes » diffusée entre 1982 et 1986. Il est également l’auteur de plus de 70 ouvrages de vulgarisation dont « La Terre en héritage » et « Mes Plus belles histoires de plantes » ou encore « L’Homme renaturé ». Il collabora également sur les ondes de France Inter au micro de CO2 mon amour. Denis Cheissoux, présentateur de l’émission, quelques jours après sa disparition, lui rendit un vibrant hommage : « C’était un formidable raconteur du vivant (…), un spécialiste des plantes et de l’âme humaine. »

 

 

Une autre caractéristique de Jean-Marie Pelt est son engagement pour l’écologie, dont il ne manqua jamais de faire part. Il défend l’agriculture biologique, s’oppose aux OGM, aux pesticides, comme récemment aux néonicotinoïdes, cet insecticide controversé, qui décime les abeilles. En 1999, il confonde avec Corinne Lepage le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (CRIIGEN) dont il devient le secrétaire général. Attristée par son décès l’ancienne Ministre de l’environnement, qui le considérait comme un ami déplore la disparition « d’un grand humaniste, grande figure de l’écologie et homme de foi. »

 

 

Un chantre de l’écologie urbaine

 

 

Togo, Syrie, Irak, Yémen, Côte d’Ivoire ou encore Afghanistan… C’est en voyageur impénitent que Jean-Marie Pelt a arpenté les terres du globe. Au cours de ces voyages, il enrichit son savoir botanique et s’initie aux pharmacopées traditionnelles. De retour d’Afghanistan il déclarait : « [Ce pays] fut pour moi la révélation de la grandeur et de la beauté du monde. J’y découvrais ce qu’on a appelé plus tard « la diversité », un mot qui fit fortune en écologie sous sa version biologique : la biodiversité. »

Mais la Lorraine n’est jamais loin du cœur de cet inlassable globe-trotter. C’est d’ailleurs à Metz qu’il fonde en 1971 l’Institut européen d’écologie qui fête donc ses 50 ans en octobre. Installé dans le cloître des Récollets, l’Institut a été crée pour promouvoir les valeurs écologiques et le respect de l’environnement particulièrement auprès de la jeune génération.  Homme de savoir, Jean-Marie Pelt est également un homme d’action et décision.  Dans les années 1970, il est membre du conseil municipal et officie en tant que maire-adjoint. Alors que l’époque est au « tout voiture », il milite pour la préservation et la restauration des bâtiments historiques et l’introduction du végétal en ville. « La ville n’est pas vouée au béton » estime-t-il.  Sous son impulsion, la cité messine se dote d’un urbanisme vert qui fait alors figure d’avant-garde : création de plans d’eau, de promenades, ré-introduction d’essences indigènes, conception d’une trame verte pour lutter contre le morcellement des espaces verts, végétalisation des forts de Queuleu, de Bellecroix ou des Bordes.

Le créateur d’une « ville-jardin »

 

 

Son action a laissé une trace pérenne puisque les engagements de la ville en faveur de l’écologie urbaine ne se sont jamais démentis : gestion différenciée des espaces verts pour limiter l’utilisation de pesticides, politique zéro pesticide et écophyto depuis 2008, mise en valeur du patrimoine arboré urbain et plantations ininterrompues d’arbres d’alignement provenant de 144 essences différentes (on en dénombrait 9 100 en 2015 contre 5000 en 1970). Maire de Metz de 2008 à 2020, Dominique Gros salue l’influence bienfaitrice du botaniste sur sa ville : « « Ardent défenseur de l’écologie urbaine, Jean-Marie Pelt a fait de Metz le laboratoire d’une ville-jardin plus juste et plus harmonieuse ».

Terrain plantation à Metz

 

Un avis partagé par les Lorrains qui, en décembre 2015, sont venus très nombreux saluer la mémoire de ce fervent défenseur de la nature lors de ses

funérailles dans la petite église Saint-Nicolas à Rodemack, la ville qui l’a vu naître. Quelques mois avant sa mort, dans une interview accordée à Alter Eco, Jean-Marie Pelt réaffirmait une fois encore sa foi en une humanité plus proche et respectueuse de la nature « L’écologie, c’est une valeur visant à réussir la convivialité entre tous les humains porteurs de paix mais aussi entre tous les vivants. La nature est un exemple à méditer. »

Ainsi le prochain chantier de plantation de Trees-Everywhere avec la ville de Metz sur l’emplacement de l’ancien arsenal au quartier de Devant les Ponts s’inscrit aussi en mémoire de ce passionné d’écologie pour sa ville.

 

 

 

 

Cette plantation dense et variée d’espèces locales est unique en France dans son ampleur (près de 2 hectares et 60 000 arbres). Elle a pour ambition de créer un poumon vert en ville, par la régénération d’une zone artificialisée. Elle a aussi une vocation pédagogique et sociale en lien avec les écoles et les associations de quartier, en échos aux actions de Jean-Marie Pelt dont le parc botanique n’est pas loin.

 

 

Adrienne Rey

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