Régénération et plantations : tour d’horizon des différentes méthodes de reforestation
Si la France est de plus en plus boisée, cette hausse est due, en grande partie, à des reboisements naturels et non à des plantations ou reforestations humaines. En effet « depuis 2000, l’enfrichement naturel, principalement en feuillus, augmente de 100 000 hectares par an, soit quatre fois plus vite que les replantations d’arbres par l’homme, » explique Antoine d’Amécourt, président de Fransylva, la fédération nationale des Forestiers privés de France.
L’occasion de rappeler que les trois quarts de la forêt française sont détenus par des propriétaires privés. Très morcelées sur le territoire, ces forêts ne sont pas gérées par l’ONF, mais restent à la charge des propriétaires. Pour des raisons de découpages parcellaires lors d’héritages, à l’exode rural ou à des spéculations sur une éventuelle constructibilité, il arrive fréquemment que ces forêts ne soient pas entretenues. Elles prolifèrent alors de manière « sauvage » sous l’effet de la dissémination des graines par le vent, les animaux sauvages.
A contrario, les friches industrielles encore à l’abandon peuvent, elles, faire l’objet d’une reconquête sylvicole. C’est notamment le cas dans la région des Hauts-de-France où la désindustrialisation a contribué à la formation de nombreuses friches. Aujourd’hui, celles qui le peuvent ont vocation à être reboisées, principalement en chênes, hêtres et frênes qui constituent 92 % des forêts de la région.
La reprise de ces terres en friches passe souvent par une méthode de régénération dite « naturelle » consistant à prélever les graines directement à partir des arbres encore présents sur la zone. Sous couvert que le peuplement d’origine soit assez sain et vivace, les semis pourront ainsi se développer et croître sans problème.
Afin de garantir un reboisement vigoureux et pérenne, l’Homme peut intervenir de manière à accompagner ce processus naturel. C’est ce que l’on nomme « la régénération naturelle assistée ». Sur un territoire où subsiste une végétation rare et éparse, on sélectionne sur les arbustes encore présents la ou les tiges les plus résistantes (appelé « rejets ») avant de tailler les autres, ce qui permet de concentrer les nutriments dans la partie de la plante qui a le plus de chances de croître et de se développer. Cette méthode permet donc de reboiser un territoire sans avoir à planter de nouveaux spécimens. Déjà acclimatés à la région, les arbres ainsi générés se révèlent particulièrement robustes.
Nécessitant peu de main d’œuvre, d’outils ou de produits phytosanitaires, la « régénération naturelle assistée » est particulièrement déployée en Afrique où elle facilite le reboisement des territoires arides. C’est au cours des années 80, sous l’impulsion d’un agronome australien, Tony Rinaudo, que naissent les premiers projets africains, notamment au Niger, dans les alentours de la ville de Maradi.
Le « forest maker », lauréat d’un « prix Nobel alternatif1 », a ouvert la voie à une série de projets, dont la « Grande muraille verte ». Cette initiative de l’Union africaine s’est donné pour but de lutter contre la désertification et le réchauffement climatique grâce à la création de tout un réseau de reboisement s’étendant sur plus de 10 millions d’hectares de Dakar à Djibouti.
En France, outre le reboisement « sauvage » de terres laissées à l’abandon, une grande partie de la reforestation amorcée en 1850 est due à des plantations. Selon le modèle de la plantation agricole (rizière, vignoble, champ de coton), la plantation sylvicole ne comporte qu’une seule et unique espèce. Très nombreuses parmi ces monocultures, sont les plantations de pins ou d’épicéas. Le plus souvent industrielles, elles permettent un meilleur rendement et un grand volume de production, à moindre coût. Si ces plantations sont nécessaires à la filière bois, elles ne peuvent en aucun cas se substituer à des forêts n’ayant pas les mêmes retombées écologiques. Une plantation capte, en effet, moins de carbone, protège moins des risques d’érosion et se révèle plus sujette aux invasions de scolytes (on parle alors d’un « effet domino »).
Conçue pour permettre un reboisement durable et rapide, la méthode Miyawaki, du nom du botaniste japonais qui l’a inventée, se distingue en plusieurs points des plantations traditionnelles. Tout d’abord, un important travail d’investigation doit être mis en place afin de permettre de dresser une carte précise de la végétation potentielle naturelle2. Ce diagnostic sera ensuite affiné par des recherches sur la qualité et la nature du sol permettant de sélectionner les essences les mieux à même de s’y développer. Notons que si ces essences doivent s’adapter aux caractéristiques du lieu, elles doivent aussi s’accorder entre elles afin de garantir un reboisement homogène, dense et vivace.
À la différence des plantations traditionnelles, le professeur Miyawaki préconise de former des buttes et de planter les arbres sur plusieurs strates plutôt que de creuser un trou spécifique pour chaque plant. Cette configuration favorise la synergie entre les différents individus. Un peuplement plus dense permet en effet le développement de micro-organismes bactériologiques grâce à la « mycorhization ». Littéralement « champignons racines », les mycorhizes prolifèrent dans le sol et favorisent la symbiose entre le sol et le système racinaire des arbres qui reçoivent ainsi davantage de nutriments encourageant leur croissance, les rendant plus résistants et réduisant le risque de stress hydrique.
Une fois la plantation terminée, il peut s’avérer opportun de protéger le terrain des attaques de cervidés ou de rongeurs, en grillageant par exemple. Pour une croissance optimale, les jeunes plants peuvent être tuteurés, la méthode Miyawaki suggère également de procéder à un paillage qui isole le sol, favorisant sa fertilité et empêchant son dessèchement. Si la jeune forêt peut nécessiter quelques soins préventifs et travaux de maintenance, au bout de trois ans, elle devient autonome et n’a plus besoin d’interventions humaines. Les forêts plantées selon le modèle Miyawaki sont reconnues pour être plus résistantes aux aléas climatiques que les forêts classiques. Havres de biodiversité, elles sont également profitables à la faune et à la flore et constituent des puits de carbone conséquents.
Adrienne Rey
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